« Le coronavirus, accélérateur d’un monde plus digital ? » titrait récemment un hebdomadaire économique. Il est vrai qu’en ces temps de distanciation sociale les technologies digitales n’ont jamais été autant utilisées, pour télé-travailler, télé-consulter son médecin, télé-apprendre et télé-enseigner ; mais aussi pour nous téléporter auprès de nos proches et nous télé-divertir. Du jour au lendemain, les outils digitaux sont devenus nos principaux alliés, alors qu’il n’y a pas si longtemps nous les tenions pour responsables de beaucoup des stress liés à nos environnements de travail : l’infobésité, la pression de l’immédiateté, l’isolement et la crainte de voir son travail se faire ubériser par des algorithmes. Sans qu’on le sache, l’ordinateur portable aurait-il été promu « principal vecteur d’épanouissement individuel », alors qu’il n’y a pas si longtemps il se trainait en bas de la hiérarchie ? Ou bien, un peu contraints par la période que l’on vit actuellement, revenons-nous aux usages premiers pour lesquels les technologies et les outils digitaux ont été conçus : le téléphone pour communiquer, l’ordinateur pour produire et échanger des informations numérisées et Internet pour connecter tout le monde ? Certes, entre-temps on a eu le démarchage téléphonique, les bugs informatiques, le spam, les notifications intempestives, les publicités trop intrusives et les cyber-attaques. Peut-être devons-nous profiter de ce retour aux origines du monde numérique et repenser nos usages digitaux, collectifs et individuels, pour le monde d’après le confinement, qui s’annonce encore plus digital qu’il ne l’est aujourd’hui ? Car, comme le disait Melvin Kranzberg, l’historien des technologies : « La technologie n’est ni bonne, ni mauvaise ; mais elle n’est pas neutre, non plus. »